Campagne MARADJA: Marge Active de l'Algérie
--------------------------------------------------
Thème scientifique, zone d'étude, travaux antérieurs sur la zone
21 Août - 17 Septembre 2003
1-1. Le contexte tectonique de la marge algérienne: une histoire complexe, une déformation active
Le pourtour méditerranéen constitue un domaine de tectonique vivante très complexe dans le détail, mais dont les grands traits de la formation et de l’évolution sont cernés depuis le milieu des années 80 (voir synthèse dans Gueguen et al., 1998, et Jolivet et al., 1999), notamment grâce à l'analyse et l'interprétation de données marines dont la phase d'acquisition avait débuté il y a 30 ans environ (voir Auzende, 1978). La manifestation la plus évidente des déformations récentes qui affectent la Méditerranée et son pourtour réside dans les saisissants et abrupts contrastes topographiques entre les bassins profonds et les massifs montagneux, pour la plupart représentés par de longues chaînes. Ce contraste est particulièrement clair en Afrique du Nord, le long des mille kilomètres de la côte algérienne (Figure 1)
--------------------------------------------------
Thème scientifique, zone d'étude, travaux antérieurs sur la zone
21 Août - 17 Septembre 2003
1-1. Le contexte tectonique de la marge algérienne: une histoire complexe, une déformation active
Le pourtour méditerranéen constitue un domaine de tectonique vivante très complexe dans le détail, mais dont les grands traits de la formation et de l’évolution sont cernés depuis le milieu des années 80 (voir synthèse dans Gueguen et al., 1998, et Jolivet et al., 1999), notamment grâce à l'analyse et l'interprétation de données marines dont la phase d'acquisition avait débuté il y a 30 ans environ (voir Auzende, 1978). La manifestation la plus évidente des déformations récentes qui affectent la Méditerranée et son pourtour réside dans les saisissants et abrupts contrastes topographiques entre les bassins profonds et les massifs montagneux, pour la plupart représentés par de longues chaînes. Ce contraste est particulièrement clair en Afrique du Nord, le long des mille kilomètres de la côte algérienne (Figure 1)
Figure 1.
Bloc-diagramme du bassin algérien et de la marge algérienne, d'après les données GTOPO30 (vue en regardant vers le SE). Au premier plan, le bloc des Baléares; vers l'Est (10°E, 39°N), la pointe sud du bloc corso-sarde. Les altitudes sont en mètres
(exagération verticale: 50 environ).
Une autre manifestation, toute aussi évidente, est l'activité sismique régulière qui l'affecte. Le séisme d'El Asnam (10 octobre 1980, Ms = 7.3) a marqué le début de la prise de conscience de l'importance de la déformation active en Afrique du Nord et du danger potentiel qu'elle implique (Philip et Meghraoui, 1983; Yielding et al., 1989). Il a d'abord fourni l'occasion d'un approfondissement de la compréhension de la géologie structurale de la chaîne alpine et de l'Atlas en Afrique du Nord, et a engendré un très important effort international de recherche dont viennent d'être synthétisés les apports à l'occasion du 20ème anniversaire du séisme (congrès du CRAAG, Alger, 9-11 octobre 2000). Si les études à terre se sont multipliées, très peu de travaux ont concerné la marge sous-marine: il est clair aujourd'hui que les principales lacunes de connaissance, d'un point de vue géométrique et structural, sont au large de l'Afrique du Nord.
Le projet de campagne présenté ici, nommé MARADJA (MARge Active de "el DJAzaïr" = Algérie), part du constat simple qu'une part probablement non négligeable de la déformation active en Afrique du Nord se produit non seulement dans le système Tell-Rif terrestre, mais également au large des côtes, comme l'atteste la sismicité instrumentale, et que de nombreuses zones urbanisées s'étendant sur le domaine côtier sont donc soumises à un risque important. Un des objectifs fondamentaux de la campagne MARADJA est en conséquence d'identifier et de caractériser les structures actives sous-marines depuis la côte vers le large. Une autre nécessité est d'établir le lien entre la géométrie et le style tectonique de ces zones en cours de déformation et l'histoire géodynamique récente de l'Afrique du Nord, notamment par l'identification en mer des prolongements des grandes limites entre le système Tell externe et les zones internes, vestiges méridionaux de la marge européenne (Bouillin, 1986, 1989).
Nous présentons ici les principaux éléments résumant la morpho-structure et l'histoire des Maghrébides centrales et de la marge, puis donnons les arguments actuels en faveur d'une déformation sous-marine active. Nous montrons ensuite quelles questions majeures restent aujourd'hui posées, que ce soit dans l'évaluation réelle du risque géologique au large des côtes algériennes ou dans le mode et les mécanismes de la déformation récente et actuelle.
Bloc-diagramme du bassin algérien et de la marge algérienne, d'après les données GTOPO30 (vue en regardant vers le SE). Au premier plan, le bloc des Baléares; vers l'Est (10°E, 39°N), la pointe sud du bloc corso-sarde. Les altitudes sont en mètres
(exagération verticale: 50 environ).
Une autre manifestation, toute aussi évidente, est l'activité sismique régulière qui l'affecte. Le séisme d'El Asnam (10 octobre 1980, Ms = 7.3) a marqué le début de la prise de conscience de l'importance de la déformation active en Afrique du Nord et du danger potentiel qu'elle implique (Philip et Meghraoui, 1983; Yielding et al., 1989). Il a d'abord fourni l'occasion d'un approfondissement de la compréhension de la géologie structurale de la chaîne alpine et de l'Atlas en Afrique du Nord, et a engendré un très important effort international de recherche dont viennent d'être synthétisés les apports à l'occasion du 20ème anniversaire du séisme (congrès du CRAAG, Alger, 9-11 octobre 2000). Si les études à terre se sont multipliées, très peu de travaux ont concerné la marge sous-marine: il est clair aujourd'hui que les principales lacunes de connaissance, d'un point de vue géométrique et structural, sont au large de l'Afrique du Nord.
Le projet de campagne présenté ici, nommé MARADJA (MARge Active de "el DJAzaïr" = Algérie), part du constat simple qu'une part probablement non négligeable de la déformation active en Afrique du Nord se produit non seulement dans le système Tell-Rif terrestre, mais également au large des côtes, comme l'atteste la sismicité instrumentale, et que de nombreuses zones urbanisées s'étendant sur le domaine côtier sont donc soumises à un risque important. Un des objectifs fondamentaux de la campagne MARADJA est en conséquence d'identifier et de caractériser les structures actives sous-marines depuis la côte vers le large. Une autre nécessité est d'établir le lien entre la géométrie et le style tectonique de ces zones en cours de déformation et l'histoire géodynamique récente de l'Afrique du Nord, notamment par l'identification en mer des prolongements des grandes limites entre le système Tell externe et les zones internes, vestiges méridionaux de la marge européenne (Bouillin, 1986, 1989).
Nous présentons ici les principaux éléments résumant la morpho-structure et l'histoire des Maghrébides centrales et de la marge, puis donnons les arguments actuels en faveur d'une déformation sous-marine active. Nous montrons ensuite quelles questions majeures restent aujourd'hui posées, que ce soit dans l'évaluation réelle du risque géologique au large des côtes algériennes ou dans le mode et les mécanismes de la déformation récente et actuelle.